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Ma scolarité a été marquée par une entrée au collège particulièrement douloureuse. Les lacunes s'étaient accumulées dans pratiquement toutes les matières et je me rendais compte que j'étais à la traîne par rapport à mes camarades. Pire encore, il m'arrivait de ne pas comprendre grand chose à ce qui était dit en cours. Je ne peux m'empêcher de repenser à tous ces profs qui ont dû s'arracher les cheveux devant un tel phénomène !
Souvent le soir, j'allais marcher seul dans les rues de Brest pour essayer de comprendre ce qui m'arrivait. « Pourquoi suis-je donc si nul ? La vie est-elle vraiment juste ? ». Ces questions tant de fois répétées me faisaient pleurer de désespoir.
Un jour, j'ai enfin réussi à prendre conscience que ma vie n'était pas tracée d'avance : elle serait ce que je déciderais d'en faire.
Dès cet instant, je n'ai eu de cesse d'aller de l'avant, alternant joies et moments de découragement. Jour après jour, je me suis accroché de toutes mes forces à mes études et je peux dire aujourd'hui que mes efforts ont toujours été récompensés.
Le plus important n'est pas d'atteindre tel ou tel niveau d'études mais de toujours donner le meilleur de soi-même pour apprendre et progresser.
Serge RIDEAU,
créateur des éditions Petite Elisabeth
D'abord pleurer en silence puis essayer de trouver au plus profond de soi la force de se faire violence ...
« Se laisse vivre », « Élève endormi »
Difficile d'être toujours en forme quand je me couche tard dans le canapé clic-clac, accolé à la petite table de la salle à manger où j'étudie, et que je suis toujours le dernier couché avec mon petit frère Alain, mon « frère d'arme », si humble et si passionné.
Juger les gens, c'est facile. Se mettre à leur place, essayer de comprendre ce qu'ils vivent au quotidien, c'est un peu plus compliqué. Faire l'effort d'écouter les gens, même dans leur silence, c'est faire preuve d'empathie. Ce sentiment est sûrement la plus belle et la plus noble des qualités humaines. Aussi loin que je m'en rappelle, c'est cette qualité qui a toujours donné un sens à ma vie.
En 1980, après un bac E obtenu au lycée de Kerichen à Brest, j'intégre Maths Sup au lycée Chateaubriand à Rennes.
Comment un élève aussi médiocre, ayant même redoublé son CE1, a-t-il réussi à faire des études supérieures ?
Je me souviens des premiers cours d'électricité au collège. Le prof de techno expliquait la notion de courant électrique : un déplacement d'électrons dans un conducteur électrique. Tels des molécules d'eau, les électrons en déplacement forment un courant (rivière) qui peut se partager en plusieurs courants « dérivés » (ruisseaux). Cette analogie est connue de tous les élèves du monde entier. Et pourtant, après avoir fait répéter le prof trois fois, je ne comprenais toujours pas. Ses explications ne correspondaient pas vraiment à la conception de l'électricité que je me faisais pendant que je rêvais la nuit.
Je pense souvent à lui, et à d'autres ... Qu'a-t-il pensé de moi ? Il s'est peut-être dit : « Quelle plaie celui-là, il est vraiment trop bête ». Il n'a jamais su que quelques années plus tard, je deviendrai en Maths Spé major de ma promotion en physique. Je reste toujours admiratif devant des collégiens et des lycéens qui comprennent sans sourciller les notions de courant électrique, de tension et de résistance alors que ces notions restaient pour la plupart des savants du 18ème et 19ème siecle incompréhensibles.
Pour revenir à la question posée, il y a bien sûr plusieurs raisons. Un refus obstiné d'accepter un destin que certains me voyaient déjà tout tracé. Un optimisme marqué au fer rouge dans mon ADN malgré des conditions de vie souvent compliquées. Mais la raison principale, c'est surtout la bienveillance de ma mère et de mon père qui ne m'ont jamais traité de « bon à rien » ou de « mauvais à tout » (citation de Fernandel dans « Le schpountz » de Marcel Pagnol).
Qu'un père ou qu'une mère puisse rabaisser son enfant, c'est triste ! Certains parents pensent bien faire mais ils se trompent. Les mots prononcés ont un sens, une mémoire pour l'enfant qui les entend. Certains mots peuvent tuer.
En 1986, alors élève-ingénieur en troisième année à l'ENSIC (Ecole Nationale Supérieure des Industries Chimiques de Nancy), que de souvenirs sur cette superbe place Stanislas, j'affiche sur le mur de ma chambre :
« Dépasser son propre destin »
Quelques semaines avant d'obtenir mon diplôme, je suis envahi d'une tristesse infinie. J'ai souhaité devenir ingénieur par amour des sciences et des technologies, et sûrement pas pour acquérir tel ou tel statut social. Mais je commence à prendre conscience qu'une partie de ce Monde élitiste qui m'attend va me faire des misères, même si pour être honnête, je pense que c'est plutôt moi qui vais lui en faire. On ne mélange pas impunément les torchons et les serviettes. Et je sais aussi que je ne ferai aucune concession sur certaines de mes valeurs : l'humilité, l'honnêteté et le courage.
Enfant, je me suis fait une idée précise de la mission d'un ingénieur : « Défendre ses idées et défendre ses collaborateurs ».
En classe de seconde T1, mon prof de fraisage, Mr MARC (Lycée technique de Kerichen, Brest) m'avait dit : « Serge, dans le mot ingénieur, il y a le mot génie ». Ce professeur de technologie avait tout compris mais il était visiblement trop optimiste.
En fin de 1ère année, Mr François MOLLEYRE, le directeur des études de l'ENSIC, reçoit dans son bureau chaque élève-ingénieur pour faire avec lui le bilan de l'année écoulée.
Lorsque c'est mon tour, il s'écrie : « Ah ! Serge, le rebelle ».
Mr MOLLEYRE est une belle personne et je prends sa remarque comme un compliment. Il espère sûrement que je lui réponde, que je me dévoile. Malheureusement pour lui, je ne réponds rien et aujourd'hui je le regrette. Je me dis : « Si je me dévoile, même un peu, il va découvrir un monde dont il n'a même pas conscience. Je sais qu'il va m'écouter avec bienveillance mais il ne pourra pas comprendre. Et puis, qui a envie d'entendre certaines vérités ? Alors à quoi bon ! ».
Membre du BDE (DJ) pendant trois ans, responsable du club de bières (Carolus d'or, Le péché défendu ...), du club de BD (Corto Maltesse, Commanche, Blueberry ...), je cotoie chaque jour des dizaines et des dizaines de personnes qui ne sauront jamais que mon esprit et mon âme sont toujours en ébullition.
Enfant, tout chez moi est lent et compliqué.
À cinq ans, je ne parle toujours pas. Aux voisins inquiets, ma mère leur répond : « Il parlera quand il aura envie de parler ». Un jour, j'ai envie de parler. Les premières années qui suivent sont laborieuses, je bute sur certains mots et même prononcer mon prénom est une corvée. Après quelques bégaiements, Serge se transforme inexorablement en « sèche ».
Peu après mes cinq ans, je retrouve enfin la joie, mon petit frère Alain est né. Je le prends dans mes bras, je l'embrasse, je le cajole. L'année d'avant, je tenais dans mes bras ma petite sœur Elisabeth. Elle est née bossue et n'a vécu que quelques semaines.
...
Extrait des Pensées de Mihai Eminescu, très grand poète roumain :
« Car la vie est un bien perdu quand on n'a pas vécu comme on l'aurait voulu. »
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